Let's not force our talent,
As nothing would be performed gracefully:
Never has a dolt1, no matter how much he tries,
Could ever be taken for a gentleman.
Few people blessed by the Heavens,
Possess the inborn2 gift to seduce3 in life.
'This a matter one has to allow them,
So as not resemble the Donkey in the Fable,
Who in order to ingratiate himself to his master,
Went over to caress4 him. "How come? in his soul said he,
This pup, because of his cute ways,
Will continue to live as a companion
With Milord and Milady;
And I will get blows with a stick?
What does he do? he gives his paw;
At once he is kissed;
If need be, I'll act the same way to be petted,
It is not difficult at all."
With such a tender thought in mind,
Seeing his master in a jovial5 mood, he comes up clumsily,
Raises a very battered6 paw,
Puts it on his master's chin lovingly,
Adding as an extra expression of love,
His most gracious braying7 to this bold action.
"Oh ! oh ! what a caress ! and what a melody !
Said the Master at once. Hey there, *Martin stick!"
Martin stick comes running; the donkey changes his tune8.
Thus ended the little comic drama.
Beware, another's talent may not necessarily be yours.
*Martin bâton: Stickmartin, type-name for a donkey drover.
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L'Ane et le petit Chien
Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce :
Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse,
Ne saurait passer pour galant.
Peu de gens, que le Ciel chérit et gratifie,
Ont le don d'agréer infus avec la vie.
C'est un point qu'il leur faut laisser,
Et ne pas ressembler à l'Ane de la Fable,
Qui pour se rendre plus aimable
Et plus cher à son maître, alla le caresser.
"Comment ? disait-il en son âme,
Ce Chien, parce qu'il est mignon,
Vivra de pair à compagnon
Avec Monsieur, avec Madame ;
Et j'aurai des coups9 de bâton ?
Que fait-il ? il donne la patte ;
Puis aussitôt il est baisé :
S'il en faut faire autant afin que l'on me flatte,
Cela n'est pas bien malaisé. "
Dans cette admirable pensée,
Voyant son Maître en joie, il s'en vient lourdement,
Lève une corne toute usée,
La lui porte au menton fort amoureusement,
Non sans accompagner, pour plus grand ornement,
De son chant gracieux cette action hardie.
"Oh ! oh ! quelle caresse ! et quelle mélodie !
Dit le Maître aussitôt. Holà, Martin bâton! "
Martin bâton accourt ; l'Ane change de ton.
Ainsi finit la comédie.